Monsieur Robert Coutu

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mardi 14 avril 2009

Être maire en 2009

La chronique de Stéphane Gendron

Stéphane Gendron14/04/2009 06h31

Les campagnes électorales des 1006 municipalités vont bientôt se mettre en branle un peu partout au Québec. Le palier de gouvernement le plus proche du peuple sera le théâtre du plus grand exercice démocratique du genre, dès novembre 2009.

Malgré l'importance des enjeux, bien peu d'électeurs peuvent correctement identifier l'élu municipal qui les représente parmi les 1 006 maires et les 7005 conseillers municipaux. Peu de citoyens font l'effort d'assister aux séances régulières des conseils le premier lundi de chaque mois. La participation aux différents scrutins témoigne d'une indifférence grandissante, comme en font foi les résultats du vote de 2005: plus de la moitié des élus ont été reportés au pouvoir sans opposition et le taux de participation est demeuré endémique, soit 45% des personnes inscrites sur la liste électorale.

Ce qui étonne encore plus, c'est la facilité avec laquelle on peut se présenter aux élections municipales: une année de résidence sur le territoire concerné et la détention de la citoyenneté canadienne suffisent. Rien de plus. Ainsi, dans plusieurs municipalités de moins de 5000 habitants, les statistiques font état d'une relative stabilité inquiétante. Il n'est pas rare de voir le «règne» de certaines familles ou d'individus. Annuellement, la Fédération québécoise des municipalités rend hommage à ces élus de 20 ou 30 ans de service. Résultat: nous retrouvons -encore aujourd'hui - des maires et des conseillers municipaux qui sont des analphabètes fonctionnels ou carrément des illettrés. Incapables de lire ou de comprendre les subtilités de la fiscalité municipale, ces gens «de service» n'ont même pas la capacité d'interpréter un rapport financier ou l'état mensuel des finances publiques. Ils ne peuvent non plus, généralement, vous expliquer l'impact d'une réglementation municipale qu'ils viennent d'adopter et se rabattent habituellement sur leur direction générale pour répondre aux questions des citoyens. Trop de ces élus issus de la génération où l'on gérait nos municipalités de façon folklorique sont aujourd'hui dépassés par les événements et font face à des défis de taille. Qu'on se le dise bien franchement: il n'y a plus de place pour ce genre d'élus en 2009.

TROP C'EST COMME PAS ASSEZ

À titre d'exemple, on a longtemps cité le cas de Granby, qui avait eu un maire ayant procédé «courageusement» au remboursement intégral de la dette municipale. Pourtant, une ville sans dettes est le plus brillant exemple d'une mauvaise gestion, puisque l'on fait payer instantanément des infrastructures qui doivent s'amortir sur une génération ou plus de contribuables. Même chose pour une municipalité qui accumule d'importants surplus budgétaires. Cette manière de gérer fait la démonstration que les élus n'ont aucune vision de développement, mais qu'ils s'entêtent à trop taxer les contribuables.

L'administration municipale moderne exige plus qu'un simple concours de popularité. La sempiternelle promesse «d'être à l'écoute du citoyen» sonne creux. La mairie incarne bien plus que ces sornettes électorales. On ne gère plus une municipalité comme on le faisait dans «l'temps où l'on comptabilisait les comptes de taxes à la mitaine». À vivre dans le passé, on finit par en oublier le présent. Et le présent, c'est 300 municipalités dévitalisées au Québec, 200 villes mono-industrielles, et des centaines d'autres en voie de disparition. Voilà pourquoi compétence, formation académique et vision sont des éléments essentiels que nous devons retrouver chez nos élus municipaux. Rien d'autre.